Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est devenu un outil majeur en France pour évaluer la consommation énergétique et l’impact environnemental des bâtiments. Il établit une classe énergétique allant de A à G, G correspondant aux logements les plus énergivores.
Pour mesurer la performance énergétique d’un bien immobilier, le DPE utilise le coefficient d’énergie primaire (CEP), un facteur de conversion. Le CEP appliqué à l’électricité suscite des débats en raison de sa valeur élevée, perçue par certains comme injuste. Cet article explore en profondeur le coefficient d’énergie primaire, son influence sur le DPE, les controverses entourant le coefficient de l’électricité et les perspectives d’une éventuelle révision future.
Sommaire
Qu’est-ce que le coefficient d’énergie primaire ?
Le coefficient d’énergie primaire est un facteur utilisé pour convertir l’énergie finale consommée en énergie primaire. L’énergie finale est celle que le consommateur utilise directement, comme l’électricité qui alimente les appareils ménagers ou le gaz qui chauffe une habitation. L’énergie primaire, quant à elle, représente l’énergie nécessaire à la source pour produire cette énergie finale, en incluant les pertes liées à la production, au transport et à la distribution.
En France, les coefficients d’énergie primaire sont fixés par les autorités et varient selon les sources d’énergie. Par exemple, le gaz naturel a un coefficient de 1, tandis que l’électricité a un CEP de 2,3. Cela signifie que pour chaque kilowattheure (kWh) d’électricité consommé, on considère que 2,3 kWh d’énergie primaire ont été nécessaires pour le produire et le livrer.
Parmi les différents CEP on note les suivants :
➡️ Le Gaz Naturel
Le gaz naturel présente un coefficient d’énergie primaire de 1. Cette valeur relativement basse s’explique par un processus de transformation et de distribution relativement simple. Une fois extrait, le gaz naturel nécessite peu de transformations avant d’être utilisable par le consommateur final. Les principales pertes surviennent lors du transport et du stockage, mais restent limitées comparées à d’autres énergies.
➡️ Le Fioul
À l’instar du gaz naturel, le fioul domestique affiche un CEP de 1. Ce coefficient reflète également un processus de transformation relativement direct entre l’extraction du pétrole brut et l’utilisation finale du fioul dans les chaudières domestiques. Cependant, cette source d’énergie tend à disparaître progressivement du parc immobilier français en raison de son impact environnemental défavorable.
➡️ Le Bois
Le CEP du bois est de 1. Il prend en compte le caractère renouvelable de cette ressource.
➡️ L’Électricité
L’électricité représente un cas particulier avec un coefficient actuellement fixé à 2,3 en France. Cette valeur, longtemps fixée à 2,58, fait l’objet de nombreux débats. Plusieurs arguments suggèrent que ce coefficient pourrait être surévalué dans le contexte français.
Le rôle du coefficient d’énergie primaire sur le DPE
Le DPE évalue la performance énergétique d’un logement en se basant sur sa consommation d’énergie primaire et ses émissions de gaz à effet de serre. Le coefficient d’énergie primaire est un élément important du calcul, car il permet de convertir la consommation réelle en une valeur normalisée.
Un coefficient élevé pour une source d’énergie signifie que la consommation d’énergie primaire calculée sera plus importante. Ainsi, les logements qui utilisent l’électricité comme source principale d’énergie voient leur consommation d’énergie primaire augmentée dans le DPE, ce qui peut les classer dans des catégories moins performantes. Hors avec le calendrier d’interdiction de location de passoire thermique mis en place par la “Loi Climat et Résilience” adoptée en 2021, un “mauvais” DPE d’un bien chauffé à l’électricité a des répercussions importantes. Cela pourrait réduire le parc locatif et largement aggraver une crise du logement déjà installée.
Le coefficient d’énergie primaire de l’électricité est-il trop élevé ?
Le CEP d’électricité est perçu par les propriétaires et des acteurs de la transition énergétique comme trop élevé (et même comme une injustice) pour les raisons suivantes :
➡️ Non prise en compte de la décarbonation de l’électricité
Le mix énergétique français est largement décarboné grâce à une forte proportion d’électricité nucléaire et une augmentation constante des énergies renouvelables. Malgré cela, le coefficient élevé ne distingue pas entre l’électricité produite à partir de sources fossiles et celle produite à partir de sources bas carbone. Ainsi, les logements utilisant de l’électricité issue de sources renouvelables ou nucléaires sont pénalisés de la même manière que ceux utilisant de l’électricité plus carbonée.
➡️ Évolution technologique non reflétée
Les avancées technologiques dans la production, le transport et la distribution de l’électricité ont permis de réduire les pertes énergétiques et d’améliorer l’efficacité globale du système électrique. Le coefficient actuel ne reflète pas ces progrès, ce qui conduit à une surévaluation de l’énergie primaire nécessaire pour produire l’électricité consommée.
➡️ Impact social et territorial
Les ménages chauffés à l’électricité sont souvent situés dans des zones rurales ou périurbaines où le réseau de gaz n’est pas disponible.
➡️ Contradiction avec les objectifs de transition énergétique
Le CEP de l’électricité pénaliserait les logements chauffés à l’électricité dans la classe du DPE par rapport à des sources d’énergies fossiles.
La France encourage l’électrification des usages pour réduire les émissions de CO2, notamment dans les secteurs du transport et du chauffage. Un coefficient d’énergie primaire élevé pour l’électricité semble contradictoire avec cette stratégie, en décourageant l’utilisation de l’électricité au profit d’énergies fossiles comme le gaz, qui a un coefficient de 1 malgré son impact carbone.
Ainsi, une maison chauffée au gaz naturel peut obtenir une meilleure classe de DPE qu’une maison utilisant une pompe à chaleur électrique (pourtant très performante en termes de rendement énergétique et de réduction des émissions de CO2), simplement parce que le coefficient de conversion de l’électricité est beaucoup plus élevé.
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Simplification du DPE : vers une baisse du coefficient primaire de l’électricité ?
Face à ces constats, une révision à la baisse du coefficient d’énergie primaire de l’électricité est envisagée et souhaitée par de nombreux acteurs et en particulier les propriétaires.
En 2022, la France a déjà abaissé le coefficient de l’électricité de 2,58 à 2,3 dans le cadre de la réglementation environnementale RE2020. Cette réduction reconnaît l’amélioration de l’efficacité du système électrique français et la baisse de l’intensité carbone de l’électricité produite.
Dans sa Déclaration de politique générale du 1er octobre 2021, Michel Barnier a mis l’accent sur la “dette écologique” de la France. Il a également prononcé les mots suivants “le diagnostic de performance énergétique (DPE) sera simplifié et son calendrier adapté” et a souligné l’importance de la dette écologique de la France” sans apporter de précision.
Même si rien n’a encore été confirmé, il semblerait que la piste privilégiée pour “simplifier” le DPE en 2025 soit une baisse du coefficient de conversion en énergie primaire de l’électricité.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a évoqué cette orientation durant le mois d’octobre 2024. Et Valérie Létard a parlé d’ajustements du DPE “pour moins pénaliser les logements chauffés à l’électricité” ce qui confirme définitivement cette piste. Si cela se concrétise, des centaines de milliers de logements pourraient sortir du statut de passoire thermique.
Pour conclure
Une révision à la baisse du coefficient d’énergie primaire de l’électricité apparaît comme une évolution nécessaire pour refléter les réalités actuelles du mix énergétique français, encourager l’utilisation de l’électricité bas carbone et soutenir la rénovation énergétique des bâtiments. Cette révision pourrait améliorer le DPE de nombreux logements et éviter que l’offre locative soit trop entamée par le calendrier d’interdiction de location de passoires thermiques et contribuer à une transition énergétique plus efficace et équitable.